Colloque Environnement et Biotechnologies
Qualité des Sols et des Eaux : Que peut-on attendre des biotechnologies ?
Ecole Centrale Marseille, Mercredi 16 Octobre 2019
13h30 – 19h
Colloque organisé en Partenariat Novachim – Ecole Centrale Marseille
Organisation : Jean Richard LLinas, Animation : Yves Blisson
Le colloque a été ouvert par Frédéric Fotiadu, Directeur de l’Ecole Centrale qui l’avait inscrit dans le cadre de ses cycles de conférences « Questions Centrales » et qui en a assuré la logistique, par Robert Assante, 2éme adjoint à la Mairie de Marseille et Jean Richard Llinas qui en a été l’organisateur. Le grand amphithéatre de l’Ecole Centrale était copieusement garni (plus de 300 participants dont de nombreux élèves-ingénieurs).
De nombreux sites font aujourd’hui l’objet de vastes programmes de remédiation suite à une occupation industrielle passée ou à une pollution accidentelle. Ce sujet est particulièrement sensible dans notre région, ou des programmes agricoles, touristiques, immobiliers sont bloqués à la suite d’analyses des sols ou des eaux révélant la présence d’éléments toxiques.
Leur retraitement s’effectue généralement par des voies chimiques ou thermiques traditionnelles. La biorestauration est basée sur l’utilisation des micro-organismes pour dégrader les substances polluantes. L’objectif de ce colloque était de comprendre quelles sont les options actuellement disponibles, et ce que les biotechnologies peuvent apporter de nouveau dans le domaine pour éliminer, voire stabiliser et contenir certains polluants.
Les 5 conférences du colloque :
Thierry HEULIN (Eccorev) a ouvert le colloque en abordant les principaux enjeux pour notre Région et en montrant des exemples d’avancées technologiques récentes dans les domaines de la biooremédiation et de la phytostabilisation pour la remédiation des sols et des eaux polluées par des hydrocarbures, et des polluants ETTM (traces métalliques et métalloïdiques). Il a également mis en avant les principaux acteurs industriels et en recherche publique.
Grégory BOIS (GRS Valtech – Véolia) est revenu sur les technologies utilisées à ce jour (voies chimique, thermique et biologique) et a présenté des cas d’applications de traitement de sites pollués intégrant des solutions biologiques tout en tenant compte des contraintes techniques, financières, de surface disponible, de temps et d’éloignement du site de traitement dans le choix final de conception. Il en ressort que chaque cas est nouveau et particulier et doit faire l’objet d’études spécifiques pour déterminer la meilleure approche.
Le Pr Isabelle LAFFONT-SCHWOB (Laboratoire Population Environnement Population, Aix Marseille Université) a montré le potentiel et les limites de la phytoremédiation. Elle a insisté plus particulièrement sur la phytostabilisation pour traiter et préserver les sols contaminés en ETMM.
A ce jour, l’utilisation des végétaux semble limitée à la fixation des polluants ETMM dans le sol pour éviter leur dispersion. Les plantes produites doivent être alors considérées comme des déchets.
Jean-Philippe DOS SANTOS (HTS Bio) a présenté les dernières avancées en matière de procédés microbiologiques de biorémédiation, notamment la bioaugmentation, méthode développée par HTS Bio en collaboration avec le CNRS à Marseille, qui permet, à l’aide de microorganismes sélectionnés, d’accélérer les processus de remédiation, notamment dans le cas des sols pollués par des hydrocarbures. Il a présenté plusieurs cas concrets de traitements réalisés à partir de ces procédés.
Loïc ESNAULT (XSEM) a présenté les principes de l’« Atténuation Naturelle » de la pollution, désignant l’ensemble des processus naturels qui concourent à la diminution spatio-temporelle d’un panache de pollution, ainsi que la méthodologie employée pour la mise en œuvre de cette solution avec des cas d’application sur site industriel.
Lien pour accès aux présentations
La Table Ronde finale :
Les conférences ont été suivies d’une table ronde animée par Yves Blisson et réunissant 4 experts : Thierry HEULIN (ECCOREV), Grégory BOIS (GRS VALTECH), David DUPUIS (DREAL PACA), Marc MOULIN (BRGM PACA), sur le thème : « Quels enjeux, perspectives et limitations pour les biotechnologies dans le traitement des sols et nappes phréatiques polluées ? »
Les intervenants de cette table ronde ont avant tout souligné l’importance de ne pas opposer les voies chimiques et thermiques traditionnelles aux procédés biotechnologiques de traitement des sols et des nappes polluées.
Chaque programme de remédiation d’un sol et/ou d’une nappe polluée est un cas particulier à traiter qui doit tenir compte de critères d’acceptabilité à la fois technique, économique, réglementaire, sociale et environnementale. Cette démarche implique d’adopter une vision.
intégrée du milieu hydrogéologique (natures des sols, sous-sols, eaux, gaz…), de croiser les différentes compétences (hydrogéologues, chimistes, microbiologistes, bio-informaticiens…), et de confronter les différentes techniques de dépollution existantes avant de mettre en place une stratégie de dépollution ou le rapport bénéfice/coût reste un critère primordial.
Si les solutions biotechnologiques exploratoires telles que la biostimulation, la bioaugmentation, la phytoremédiation ou encore la phytostabilisation sont des voies plus douces, meilleures pour l’environnement et socialement plus acceptables que les méthodes chimiques et thermiques, elles sont encore peu développées pour la remédiation des sols fortement pollués. En effet, les biotechnologies présentent encore des contraintes techniques et économiques importantes : besoins de temps et d’expertises, techniques « sols-dépendants »… qui ne permettent pas de les substituer entièrement aux méthodes traditionnelles. Il est à noter toutefois que les solutions biotechnologiques se développent plus rapidement en agronomie dans le domaine de la prévention des pollutions par les pesticides.
Quoi qu’il en soit, les perspectives pour les biotechnologies dans le traitement des sols et des nappes polluées sont très prometteuses, car les techniques de dépollution de demain devront intégrer l’environnement dans les activités humaines, réutiliser les matériaux et les matrices et privilégier les méthodes de recyclage. Ces nouvelles nécessités ouvriront de nouveaux champs d’application pour les biotechnologies.
Stéphane Moutard (Novachim)